Gênes, le 27 janvier 1679 : « La compagnie des musiciens est exquise... Le premier soprano, M. Marcantonio Orrigoni, au service du seigneur duc de Modène, chante merveilleusement bien… il joue et interprète comme un angelo del paradiso... ».

Dans cette lettre d’Alessandro Stradella à Polo Michiel, nous rencontrons pour la première fois Marcantonio Orrigoni, un castrat soprano engagé par le théâtre Falcone pour la saison du carnaval de 1679, une saisons très heureuse pour la production artistique de Stradella. Le compositeur écrit pour l’occasion trois nouvelles œuvres qui connaissent un énorme succès :

La Forza dell’Amor Paterno : « Le 10 novembre, j’ai monté sur scène mon premier opéra dans ce théâtre de Gênes, intitulé La Forza dell’Amor paterno, qui a été représenté quinze fois avec un succès exquis. »

Le Gare dell’Amor Eroico (L’Orazio) : «[...] Les Concours de l’Amour Héroïque c’est aussi mon œuvre qui connaît un succès incroyable et se poursuit mieux que jamais avec une grand affluence, car pendant le Carnaval, davantage de gens viennent à l’opéra, et parfois il est impossible de jouer à cause des applaudissements. »

Il Trespolo Tutore : « Lundi ou mardi, je mettrai en scène mon troisième opéra, né sur un coup de tête, parce que c’est un opéra ridicule, mais splendide, intitulée Il Trespolo ; et comme ils ont ici un grand génie pour les choses ridicules, je pense qu’il va exploser infailliblement. »

En tant que premier homme de la compagnie et protagoniste masculin, Marcantonio Orrigoni a connu une longue et importante carrière et a poursuivi sa collaboration avec Stradella dans les années qui ont suivi. En 1681, il remet une copie de la partition de Trespolo Tutore, «... afin que le duc ait l’occasion d’admirer la vertu exceptionnelle des Compositeurs de mots et de musique...».

La même année, Stradella compose pour Modène son dernier oratorio, La Susanna ; au service du duc Francesco II à l’époque, il y avait une équipe artistique remarquable : Marcantonio Orrigoni, le légendaire Siface et le Tintorino, Francesco Donati.

Le programme est complété par des danses instrumentales très originales que le jeune Stradella a composé pour certains opéras joués au Teatro Tor di Nona de Rome, et qui ont suscité l’admiration de la reine Christine de Suède, à l’origine de la renommée et de la légende de Stradella. Parmi ces œuvres figurent Scipione l’Africano de Cavalli, le premier opéra du Théâtre ; Il Girello de Melani, le premier opéra-comique de l’histoire ; et Il Novello Giasone, une reprise de Il Giasone de Cavalli, également joué au Tor di Nona en 1671.